Original

27. April 1923

Paulo majora canamus. Gestern sprachen wir vom Wein, heute soll die Rede sein von einer geistigen Bestrebung, die auf das Höchste gerichtet ist, was uns nottut: den Frieden unter den Völkern.

Es handelt sich um eine internationale Revue, «Europe», die in Paris gegründet wurde. (Rieder, 7. Place St. Sulpice, Bezugspreis 38 Franken für Frankreich und Belgien, 50 Franken für Länder mit hoher, 25 Franken für Länder mit entwerteter Valuta.)

Zu dem Februar- und Märzheft 1923 schreibt J. A. in der Aprilnummer von «Libres Propos»:

«La fondation de cette revue «Europe» est-elle un événement humain et ira-t-on précieusement le détacher du passé? Nul ne saurait le dire encore, ni si les hommes qui se mettent résolument au service d’une Europe spirituelle sont à la mesure de leur tâche. Trop d’entreprises, depuis dix années, ont misérablement avorté faute d’hommes à leur taille; à force de déceptions nous voici méfiants.

Et cependant l’espérance se réveille vite pour peu que nous rappelions nos pensées du temps de la guerre, nos pensées d’esclave, oubliées, trahies. Durant les années de censure, toute relation avec une moitié de l’Europe étant devenue un crime puni de mort, comme on aspirait religieusement au moment où l’on pourrait se retrouver de part et d’autre du charnier frontière! Comme on saurait, pensait-on, user avec ferveur de ce privilège, méconnu pendant la paix, d’un commerce humain universel; comme ces «mains qui se cherchent dans la nuit», selon l’expression de Romain Rolland, allaient s’étreindre pour ne plus se séparer! Chacun a trop compté sans doute sur la seule «force des choses». Combien d’efforts dispersés en petites revues, en groupements fantômes, limités à quelques apécialistes de la paix bientôt lassés de tourner sur place. Même l’organe de l’Union de Contrôle démocratique, «Foreign Affairs», si remarquable par sa documentation et sa persévérante probité, est demeuré anglais et presque uniquement politique. «Clarté» et la «Revue de Genève» ont toutes deux tenté d’être internationales tout court. La première surtout souleva de grandes espérances. Mais ces deux groupes ont retrouvé en eux la guerre, trop vivante partout; tous deux veulent rendre les hommes heureux par force, le premier en les contraignant à une «dernière guerre», l’autre en les arrêtant dans le credo du conservatisme social. Ces revues sont trop souvent maintenant des armes, et parfois brandies l’une contre l’autre, pour et contre la révolution. D’avance Romain Rolland en était exclu; c’était là un signe qui eût pu avertir et retenir: la foi en une réconciliation durable et organisée n’est-elle pas née du témoignage de Romain Rolland, niant la guerre à son début même? Et ce qu’on attendait, ce qu’on attend encore, n’est-ce pas quelque Confédération européenne de l’esprit «au-dessus de la mêlée»? Découragement, désarroi. Avec la défaite wilsonienne, il n’en est pas qui ait été plus amère ni sans doute plus funeste.

Aujourd’hui René Arcos. et Paul Colin se remettent à l’œuvre, et Romain Rolland est avec eux. Quatre ans après la guerre, la tentative perd en puissance tragique, en élan enthousiaste et expiatoire. Elle gagne en volonté, en nécessité raisonnable, si l’on peut dire, car il est assez visible, à présent, que la guerré et la haine et la mutuelle incompréhension ne s’arrêteront pas d’elles-mêmes; et beaucoup d’hommes qui croyaient en une paix juste sont maintenant détrompés. C’est pourquoi il faut chasser la méfiance et s’accorder le plaisir d’espérer en cette œuvre tardive. Espérer est même un devoir.»

Zu den Mitarbeitern von «Europe» gehören außer Romain Rolland u. a. Maxim Gorki, P. Hamp, Kasimir Edschmid (von dem wir in den letzten Wochen einige interessante Originalbeiträge veröffentlichten), Leo Werth, Georges Duhamel u. a. m.

J. A. schließt seine Bemerkungen mit folgendem Wunsch:

«Et l’on souhaite enfin que les fées de ma Mère l’Oie aient doué la jeune «Europe» d’une forte ambition. Lecteurs et amis sont partout par légion, si ella veut les faire se dreaser autour d’elle on «bons Européens»; jusqu’au jour où, éditée en plusieurs langues, elle surait atteint son but; permettre à la communauté européenne de s’exprimer.»

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