Original

20. Februar 1924

Das erste Februarheft der «Libres Propos» (Editions de la Nouvelle Revue Française) enthält unter den «Propos d’Alain» Betrachtungen über die Berufspsyche des Arztes. Da sie für alle Ärzte und viele Patienten unter den Lesern der „Luxemburger Zeitung“ von Interesse sind und da auf dem Titelblatt der «Libres Propos» die freundliche Aufforderung steht: «Tous droits de reproduction et de traduction entièrement libres pour tous les pays», so handle ich im Sinne Alains und im Sinne meiner Leser, wenn ich die betreffende Seite hier abdrucke:

„J’ai entendu autrefois un médecin raisonnable qui enviait ceux qui ne soignent que des bêtes. «Car, disait-il, les bêtes ne parlent point. Elles n’entreprennent nullement de me faire connaître ce qu’elle sentent. L’homme parle, et il est presque impossible de ne croire rien du tout de ce que l’on entend d’une bouche humaine. Et l’on écrirait une belle histoire des maladies qui n’ont existé que par la crédulité des médecins. Maladies imaginaires, direz-vous. Mais il n’y a point de maladies imaginaires. Ce que raconte un délirant, ce qu’il croit voir ou avoir vu, cela est bien imaginaire: mais la peur qu’il éprouve, ou l’anxiété, ou la colère, ne sont nullement imaginaires. Ce sont des mouvements réels en son corps, et souvent violents, mais toujours perturbateurs de la circulation, de la digestion, des séerétions, comme les larmes le font voir. Chacun sait bien qu’un homme peut se nuire à lui-même et même se détruire par des mouvements inconsidérés. Le’vertige est un bon exemple où il est évident que c’est l’imagination qui fait tout le mal. Mais, dans un homme qui se mord la langue, je vois encore mieux comment notre organisme, par ses propres moyens, peut se nuire à luimême. Un homme qui se gratte annule l’œuvre du médecin; mais il y a plus d’une manière de se gratter. Nous sommes ainsi faits que dès que notre attention se porte sur une partie de notre corps, le sang s’y porte aussi; et c’est pourquoi le menteur rougit. D’où on comprend que le bon moyen de s’empêcher de tousser n’est pas d’interroger sa gorge et de surveiller le petit grattement. Penser à ses maux e’est exactement les irriter. Ce mot d’irritation a un double sens, qui est admirable.

«Il faut donc, disait-il encore, que je @ toujours. Il faut que, non seulement par @ discours, mais encore par mes gestes, par @ regard, je persuade le malade selon ce que je @ être faux. Mais je suis homme aussi, et bâti co@ tous de telle façon qu’il faut que je pense ce @ je signifie. Ma véritable pensée et mon atten@ utile se trouvent done garrottées par une mim@ qui leur est contraire. Je ne puis avoir cette lib@ prompte, cette grâce pour tout dire du juge@ qui est laissée au mathématicien, à l’astronome @ physicien devant les objets qui n’ont point d’@ ni de cœur. Je glisse à persuader plutôt qu’à @ naître; et l’imagination est assez puissante @ que les effets suivent presque toujours. Me @ thaumaturge malgré moi. Ce qui est souvent @ bon pour mes malades, mais toujours très ma@ pour moi. L’expérience d’un médeein est me@ leusement riche, mais toujours trouble et amb@ Il arrive donc ceci que ceux qui seraient le m@ placés pour faire avancer la science ne possè@ à la fin qu’un art mélangé de savoir et de s@ lerie. C’est pourquoi la médecine, semblable @ cela à la politique, ne peut avancer que p@ travaux de ecux qui ne pratiquent point.»“

TAGS
    Katalognummer BW-AK-012-2588